Lundi 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a publié un nouveau rapport, rédigé par 270 scientifiques du monde entier. Celui-ci, basé sur l’analyse de 34 000 études, est bien plus alarmant que le précédent, datant de 2014. Il est une alerte rouge pour l’humanité.
Plus 2,7°C de réchauffement avant la fin du siècle
Les chercheurs sont formels : les effets du changement climatique sont désormais généralisés et, souvent, irréversibles. À tel point que l’humanité et les écosystèmes dont nous dépendons sont menacés. Les sociétés vont être frappées par des événements extrêmes de plus en plus nombreux : canicules, sécheresses, incendies, inondations…
Cela va impacter de manière “intolérable” la santé humaine, la sécurité alimentaire, l’économie ou encore les migrations. Les scientifiques affirment que nos enfants et petits-enfants subiront quoiqu’il arrive les effets du changement climatique, même si nous arrivons à maintenir le réchauffement à +1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle. Le rapport alerte sur l’importance cruciale de cette limite à ne pas franchir.
En deçà, l’humanité pourra trouver des solutions pour s’adapter. Rester sous les +1,5 degré de réchauffement “réduirait considérablement les pertes et dommages, sans pouvoir tous les éliminer”, écrivent les chercheurs. En revanche, un réchauffement global supérieur à +1,5 degré rendrait l’adaptation de nos sociétés très compliquée, voire impossible dans certains cas. Or, nous sommes déjà aujourd’hui à +1,2 degré et nous nous dirigeons vers +2,7 degrés à la fin du siècle si les États respectent leurs engagements à court terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les prévisions
Si des mesures radicales ne sont pas prises urgemment, le réchauffement pourrait ainsi dépasser à terme les +3 degrés. Dans un tel scénario, malheureusement réaliste, des écosystèmes entiers seront irréversiblement perdus, notamment dans les zones polaires, montagneuses et côtières. Avec +3 degrés, le nombre de morts liés aux canicules va doubler ou tripler, le risque de disparition des espèces menacées sera au moins 10 fois supérieur à aujourd’hui et plus de 3 milliards de personnes pourraient connaître une pénurie chronique d’eau. Certaines régions du monde seront plus touchées que d’autres ; entre 3,3 et 3,6 milliards d’humains vivent dans des “contextes hautement vulnérables au changement climatique”. Mais la France va, elle aussi, être de plus en plus frappée. Les canicules seront plus fréquentes, plus longues et plus violentes. Idem pour les incendies et les inondations. Dans la moitié sud de notre pays, plus d’un tiers de la population risque de manquer d’eau avec +2 degrés. Ce risque double à +3 degrés. Bref, même si nous avons le sentiment d’être épargnés pour l’instant par les pires effets du changement climatique, nous n’y échapperons pas, ni en France ni ailleurs. Notre économie, notre vie quotidienne, notre agriculture, ou encore notre sécurité sont en danger. Les chercheurs parlent “d’effets en cascade”, difficiles à prévoir dans le détail.
Et nos descendants ?
Nos enfants et petits-enfants subiront encore plus que nous. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas de science-fiction, mais de projections scientifiques qui font consensus parmi les meilleurs experts mondiaux du climat. “Ce rapport du GIEC est un atlas de la souffrance humaine et une accusation accablante de l’échec du leadership climatique. Les plus grands pollueurs du monde sont coupables de l’incendie criminel de notre seule maison.” Antonio Gutteres, secrétaire général de l’ONUIl n’est pas trop tard pour éviter le pire. Les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de l’humanité. À nous de changer notre manière de vivre et de nous engager toutes et tous ensemble pour demander aux responsables politiques et aux puissants de prendre les mesures qui s’imposent.
Lien vers le rapport du GIEC, en 5 chapitres téléchargeables en PDF : https://www.ipcc.ch/sr15/