Un rapport du réseau européen des observatoires des multinationales dresse le portrait des super-riches du vieux continent. Une histoire d’inégalités croissantes et de démocratie fragilisée…
Les super riches du vieux continent dans le détail. Qui sont ces milliardaires européens ? Mais comment quelques individus ont ils fait fortune alors qu’ils avaient deux jambes, deux bras et une tête comme tout le monde ?
Un rapport de l’ENCO :
Voici l’histoire des milliardaires européens
En Hongrie :

La une de l’édition hongroise du magazine Forbes quand Mészáros (à gauche) est devenue l’homme le plus riche du pays.
L’homme qui détient la plus grande fortune du pays, Lőrinc Mészáros, est aussi un proche du Premier ministre. Le milliardaire remporte chaque année des centaines de millions d’euros de marchés publics.
C’est l’une des personnalités les plus influentes de Hongrie. En 2018, il est devenu officiellement l’homme le plus riche du pays. Cet homme, c’est Lőrinc Mészáros. Avant, il a été maire d’une petite ville hongroise, Felcsút, qui se trouve aussi être le village où a grandi le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. C’est aussi cette commune qui abrite un grand stade et une académie de football connus nationalement, et situés juste en face de la maison du Premier ministre.
Ancien plombier-chauffagiste devenu plus riche que Ronaldo, Lőrinc Mészáros est un ami d’enfance d’Orbán, ce qui semble avoir largement facilité son succès miraculeux. Selon les dires du milliardaire lui-même, Mészáros et Orbán se sont vraiment rapprochés en 1999, lorsque l’homme politique a rejoint le club de football de Felcsút et voulu monter dans son village un centre de formation de foot . Quand une fondation a été créée dans ce but, Mészáros a été choisi pour en prendre la tête.
Lőrinc Mészáros Pays : Hongrie Fortune : 1,1 milliard d’euros (1,3 milliard de dollars US) en janvier 2020 (selon Forbes) = plus de 40 000 ans du salaire moyen en Hongrie = plus de 161 000 ans du salaire minimum hongrois. Secteurs : agriculture, tourisme, banque, transports, médias, télécommunications, énergie. |
En Espagne :

Un grand jour pour le Real Madrid et… la droite espagnole
Le 2 mars 2019 est un grand jour pour le Real Madrid, et pour son président Florentino Pérez, patron de la multinationale de la construction ACS. Le club de foot joue à domicile contre le F.C. Barcelone, son grand rival dans le championnat espagnol. Dans la loge VIP, se trouvent plusieurs personnalités politiques, dont l’ancien premier ministre José Maria Aznar, du Parti populaire (PP, droite). Avec ses collègues, ils viennent d’apprendre une bonne nouvelle : le Parlement espagnol qui avait prévu de les entendre dans le cadre d’une enquête sur un financement irrégulier du PP qui impliquerait, notamment, la multinationale ACS, a finalement renoncé. Députés de droite et de gauche ont voté contre. Le milliardaire a toujours nié ces accusations.
Plusieurs journalistes, de tendances éditoriales diverses, ont aussi leurs habitudes dans la loge VIP du Real Madrid. On peut même y croiser des syndicalistes. L’ancien dirigeant de l’Union générale des travailleurs (Cándido Méndez) souligne qu’il éprouve « du respect et de l’affection » pour le président du Real Madrid. Selon un homme d’affaire proche de Pérez, la loge VIP du Real remplit le même rôle que la chasse à courre sous Franco : c’est un endroit sympathique, intime, prestigieux – tant on y croise les stars du football qui ont marqué l’histoire du Real – et bien en vue pour faire des affaires. Et en affaires, Florentino Pérez s’y connaît.
Son premier soutien décisif, Florentino Pérez le doit à un ancien dirigeant franquiste, Juan de Arespacochaga. Devenu maire de Madrid, ce dernier use de son pouvoir pour que Florentino Pérez obtienne un poste au sein de l’Association espagnole des routes, véritable lobby de la construction. Le jeune ingénieur y noue de précieux contacts avec des hommes d’affaires, des syndicalistes et même des associations de quartier.
Florentino Pérez Pays : Espagne Fortune : 1,8 milliard d’euros en 2019 selon Forbes. = plus de 51,000 années du salaire moyen espagnol = plus de 142,000 années du salaire minimum espagnol Secteur : BTP Entreprises : ACS et ses filiales Club de football : Real Madrid |
En Suisse :

La carrière de Blocher peut être découpée en trois phases : d’abord dans les affaires ; puis en politique ; enfin comme magnat de la presse. À la fin de cette dernière étape, l’homme s’est servi de divers titres de journaux qu’il avait acquis au fil des années, lui-même ou par le biais de ses proches, pour déplacer le débat public toujours plus vers la droite.
C’est à la fin des années 1970 que Blocher démarre sa route vers le sommet. Blocher est le septième enfant de onze frères et sœurs, dans une famille de pasteurs protestants. Déjà pendant ses études de droit, il exprime des convictions en totale opposition au mouvement de 1968. Puis il occupe un poste à temps partiel dans le département juridique de la firme Ems-Chimie. Deux ans plus tard, il en est déjà le secrétaire général. Et au début des années 1980, il détient la majorité des actions de la société. Une carrière fulgurante.
Ems-Chimie est née vers la fin de la Seconde Guerre mondiale quand le chimiste Werner Oswald fonde son entreprise à Donat et commence à y distiller de l’alcool à partir de déchets de bois. Avant que Blocher n’en prenne la direction, l’entreprise, qui vend entre temps des polymères et des produits chimiques, est en crise suite à la récession mondiale des années 1970.
Il existe une série d’histoires sur les circonstances de la reprise par Blocher du groupe familial d’Ems-Chimie. Voilà le récit qu’en donnait le journal suisse Tages-Anzeiger en 2011 : En tant que nouveau gérant, Blocher a conseillé à la famille de Werner Oswald, après la mort de celui-ci, de vendre l’entreprise. Il a lui-même conduit les négociations et a rapidement présenté un mystérieux acheteur qui promettait de remplir la condition la plus importante pour les propriétaires : la préservation des emplois. La famille a finalement vendu l’entreprise à un prix alors bon marché – une vingtaine de millions de francs suisses – à l’inconnu fortuné. Cet homme d’affaires, c’était en réalité Christoph Blocher lui-même.
L’industriel est resté à la tête du groupe pendant vingt ans. Fin 2003, la deuxième carrière de Blocher, celle de politicien, atteint son sommet avec son élection au gouvernement fédéral pour le parti UDC. L’homme vend alors les actions de l’entreprise Ems-Chimie à ses quatre enfants. Sa fille aînée, Magdalena Martullo-Blocher, en a repris la direction.
Blocher avait déjà commencé à reconstruire le parti suisse à son goût bien avant cette passation de pouvoir familial. En 1977, il prend la présidence de la section zurichoise de l’UDC et bouleverse l’organisation, s’appuyant sur une hiérarchie stricte et sur quelques fidèles. C’est ainsi que l’UDC a connu ses plus grands succès. Blocher est élu au Conseil national (la chambre basse du Parlement suisse) de 1979 à 2003. Avec sa fortune et les millions de francs suisses injectés par d’autres mécènes – comme l’importateur automobile Walter Frey et le banquier Thomas Matter – la puissance financière du parti a considérablement augmenté pendant toute cette période.
Sa force de frappe politique a cru en conséquence. Avec leur slogan « Renforcer Blocher ! Voter pour l’UDC », les populistes d’extrême droite ont triomphé lors des élections de 2007. Sous la coupe de Blocher, la ligne politique de l’UDC a confirmé sa dimension paradoxale : en dépit d’une politique économique brutalement néolibérale, favorable aux entreprises et aux millionnaires, le parti se présente comme le défenseur de « l’homme du peuple ». Avec ses positions racistes contre les réfugiés et d’autres minorités, l’UDC a grandement contribué à créer un climat de plus en plus haineux dans le pays. A l’image d’autres partis similaires dans le reste de l’Europe : du Rassemblement national en France à l’AfD en Allemagne, ou aux Flaams Belang en Belgique.
Mais en 2007, Blocher a perdu, lors du scrutin pour le Conseil fédéral, face à son ancienne collègue de parti Eveline Widmer-Schlumpf, qui s’est présentée contre la volonté de l’UDC. L’homme avait annoncé qu’il entrerait dans le monde des médias s’il était démis de ses fonctions politiques. Lorsque le scénario s’est réalisé, le politicien s’est mis en tête de bouleverser le paysage médiatique suisse. C’est alors que sa troisième carrière a débuté, celle de patron de presse.
Roger Köppel, le protégé de Blocher en politique, avait déjà acheté le journal Weltwoche en 2006, soutenu par des financiers conservateurs comme l’investisseur Titto Tettamanti. Fin 2014, Blocher a acheté des actions de la Basler Zeitung. Puis il les a vendues, et a acquis en retour l’empire du journal gratuit Zehnder.
Si les médias ont encouragé la montée de l’UDC avec des reportages sur Blocher, le parti peut maintenant mettre ses propres sujets à la une des journaux et mener des campagnes avec ses propres médias. Moins visible, Blocher continue ainsi à tirer les ficelles. À l’été 2019, l’UDC a produit un film de campagne électorale, en cinq épisodes, pour mobiliser en particulier les jeunes électeurs, en vue des élections législatives suisses d’octobre 2019. Encore une fois, Christoph Blocher en était le personnage central.
Christoph Blocher Fortune : La fortune de la famille Blocher est estimée en 2018 par le magazine suisse Bilanz à 9 à 10 milliards d’euros = plus de 155 000 ans de salaire moyen suisse Pays : Suisse Secteurs : Chimie (Ems-Chemie, dirigée par la fille de Christoph Blocher Magdalena Martullo-Blocher), médias (Zehnder Regionalmedien), agroalimentaire (Läckerli Huus, dirigée par la fille de Christoph Blocher Miriam Baumann-Blocher). |
En République Tchèque :

Comme pour la plupart des super-riches qui ont émergé dans les pays européens post-communistes, l’ascension d’Andrej Babiš a commencé avant les révolutions démocratiques de 1989. Sous l’ère soviétique, il avait obtenu un emploi tout à fait inhabituel pour cette époque : celui d’expert commercial stationné au Maroc, chargé d’acquérir des marchandises stratégiques pour l’industrie agrochimique tchécoslovaque, qui était elle-même essentielle pour l’ensemble du bloc soviétique.
Quand arrive la Révolution de Velours en Tchécoslovaquie, Babiš est encore au Maroc. Il rentre vite au pays, prêt à créer sa propre entreprise, Agrofert, filiale de son premier employeur, la société chimique slovaque Petrimex. Il devient très vite l’un des hommes d’affaires les plus prospères des deux républiques de l’ancienne Tchécoslovaquie (République tchèque et Slovaquie, constituées en 1993).
Une richesse construite par des prises de contrôle hostiles
Avec Agrofert, il profite de sa position de grand fournisseur d’engrais pour le secteur agricole et se développe en acquérant des coopératives et d’anciennes entreprises d’État agricoles. Il diversifie son portefeuille en achetant diverses entreprises dans les secteurs de la chimie et de la transformation des aliments. À partir de 2009, Agrofert est dans une situation de quasi-monopole sur de nombreux produits agricoles.
Andrej Babiš aime à se présenter comme un self-made man qui a construit son empire économique à partir de rien, uniquement grâce à son talent personnel, son éthique du travail et sa créativité. Mais une enquête à grande échelle que nous avons menée après son entrée en politique raconte une toute autre histoire [1]. Une histoire de richesse construite par des prises de contrôle hostiles, une aspiration systémique des subventions, des allégements fiscaux et des incitations publiques.
2010 : tremblement de terre dans la politique tchèque
Tout cela est passé relativement inaperçu jusqu’à ce que le paysage politique tchèque se transforme complètement avec les élections de 2010. Andrej Babiš ne faisait alors pas partie des cas les plus spectaculaires d’hommes d’affaires qui avaient bâti des fortunes dans les eaux troubles des privatisations sauvages et mal gérées des années 1990. Au milieu des dizaines d’histoires d’hommes d’affaires pillant le pays – les coûts de la transformation économique bâclée de la République tchèque sont estimés à des dizaines de milliards d’euros -, il n’était pas parmi les pires.
Depuis l’effondrement du bloc soviétique, le paysage politique tchèque s’est consolidé autour des deux grands partis, le Parti démocratique civique, conservateur, et le Parti social démocrate, de centre gauche. Babiš avait des alliés dans les deux. Mais, de plus en plus, la population a commencé à constater que ces deux grands partis ne représentaient pas vraiment les intérêts des citoyens, ni même des gens qui avaient voté pour eux. Václav Havel, président de la République tchèque de 1993 à 2003, parlait du nouveau système comme d’un « capitalisme mafieux ».
Aux élections de 2010, au lieu de la victoire attendue des sociaux-démocrates, c’est un véritable séisme qu’a connu le monde politique du pays. Les conservateurs ont réussi à se maintenir au pouvoir en formant un gouvernement avec deux des nouveaux partis populistes, l’un néolibéral, TOP 09, l’autre appelé « Affaires publiques », dirigé par un homme d’affaires.
Après avoir créé son parti, il achète des médias
C’est à ce moment qu’Andrej Babiš décide d’entrer en politique, pour protéger et faire avancer ses intérêts commerciaux, alors qu’il a perdu une partie de ses alliés dans les partis jusqu’ici au pouvoir. En 2011, il lance le mouvement politique ANO, pour « Association des citoyens mécontents », l’abréviation signifiant « oui » en tchèque.
Pour gagner le soutien du public, il affirme qu’en tant qu’homme d’affaires prospère, il en avait assez du niveau de corruption sans précédent qu’il avait rencontré ; que le pays était une terre de gens intelligents gouvernés par des politiciens ineptes ; qu’il utiliserait le savoir-faire qui avait fait son succès dans les affaires au profit de toute la nation.
Babiš a aussi rapidement mis la main sur des médias. Peut-être inspiré par les malheurs du parti « Affaires publiques », discrédité après l’enquête d’un groupe de presse qui en avait révélé les scandales internes, le patron d’Agrofert a acheté le groupe de presse en question (Mafra) en 2013. Ainsi, à l’orée de sa carrière politique, il devient également l’un des principaux propriétaires de médias du pays, puis l’un des plus grands éditeurs de presse de la République tchèque.
De ministre des Finances à Premier ministre
En 2013, le gouvernement de droite, menant une politique d’austérité totalement impopulaire, s’effondre. Des élections anticipées ont lieu. Babiš est prêt. Il sort du scrutin avec son parti ANO juste derrière les sociaux-démocrates, et entre dans un gouvernement de coalition à leurs côtés. Le grand patron de l’agrochimie devient alors ministre des Finances.
Il semble alors tout à fait possible que quelque chose de positif puisse sortir de son mouvement. Mais plusieurs années d’enquête ont été nécessaires pour révéler que l’homme et son récit avaient en fait deux faces. Celle qu’il présentait au public, l’autre à cacher à tout prix.
Quand Andrej Babiš fait campagne avec le slogan « Je vais diriger le pays comme une entreprise », il nous a semblé intéressant d’aller observer par nous-mêmes comment ses entreprises, justement, étaient dirigées, et ce que ses employés et partenaires commerciaux en avaient à dire.
Profits privés, coûts publics
Au cours de cette enquête, nous avons entendu l’histoire de la prise de contrôle hostile de la société agricole Agro Jevišovice, à coups de pressions psychologiques et de promesses non tenues. Nous avons entendu l’histoire d’une coopérative de bouchers qui avait réussi à se maintenir en dépit de la campagne de privatisation néolibérale d’après 1989. Ils avaient construit la plus grande usine de transformation de viande de République tchèque, pour voir ensuite Andrej Babiš en prendre le contrôle.
Andrej Babiš Pays : République tchèque Fortune : 3,5 milliards d’euros = plus de 540,000 années du salaire minimum tchèque = plus de 130,000 années du salaire moyen tchèque Entreprise : Agrofert Secteurs : agriculture, chimie, médias Crée son parti, ANO, en 2011 Devient ministre des Finances en 2013 Devient Premier ministre en 2017 |
En Angleterre :

Il est à la tête d’une fortune de plus de dix milliards d’euros selon Forbes. Jim Ratcliffe, dans le quatuor de tête des plus riches Britanniques, est le propriétaire du club de football de Nice en France et du club suisse Lausanne sport. Il est surtout le fondateur, le président et l’actionnaire majoritaire du géant de la pétrochimie Ineos. L’homme a d’abord travaillé chez Esso avant de rejoindre le London Business School, pour ensuite cofonder une société appelée Inspec. Celle-ci a racheté la division chimique de BP (British Petroleum) en 1992. L’entreprise a été rebaptisée Ineos six ans plus tard.
Toujours plus d’installations de gaz et de pétrole
Entre 1998 et 2008, Ineos a acquis 22 entreprises, notamment une filiale de BP, propriétaire de la raffinerie de pétrole de Grangemouth en Écosse. En 2014, le groupe annonce 746 millions d’euros d’investissement dans la prospection de gaz de schiste au Royaume-Uni, dont l’extraction nécessite le recours à de très polluantes techniques de fracturation, avec l’intention de l’utiliser pour ses usines chimiques. Quatre ans plus tard, l’entreprise rend public son projet de créer six nouvelles sociétés dans le secteur du pétrole et du gaz, à la suite de l’acquisition d’unités de production du Chinois Dong Energy et d’installations en mer du Nord, dont une pipeline.
En 2019, le groupe décide encore d’investir 1,8 milliard d’euros dans une usine pétrochimique en Arabie Saoudite, au moment même où de grands investisseurs se retirent du royaume saoudien suite à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi [1]. Malgré quelques incursions récentes dans d’autres secteurs, l’écrasante majorité des opérations d’Ineos sont basées sur le raffinage et la transformation des produits chimiques issus du pétrole pour fournir un large éventail de marchés (carburants, industrie pharmaceutique, agroalimentaire, construction, agriculture).
« Je suis venu, j’ai acheté, j’ai vaincu »
Ratcliffe contrôle Ineos par l’intermédiaire d’une holding, dont il possède 60 % des parts. Le reste est détenu, à parts égales, par ses lieutenants de longue date, John Reece et Andrew Currie. La société leur a versé 194 millions d’euros de dividendes en 2018. La même année, Ratcliffe est élevé au rang de chevalier par la reine d’Angleterre…. avant d’aller s’installer à Monaco pour des raisons fiscales [2]. Déjà en 2010, suite au refus du gouvernement britannique de réduire la charge fiscale d’Ineos, Ratcliffe avait déménagé sa société en Suisse.
En 2019, pour le vingtième anniversaire de son entreprise, Ratcliffe a voulu créer un blason pour Ineos. Il a décidé d’y placer la phrase latine « Veni emi vici », pour « Je suis venu, j’ai acheté, j’ai vaincu ». Ou pourrait y ajouter « j’ai pollué allègrement ». Car les opérations d’Ineos dans le monde représentent une énorme source d’émissions de carbone, avec des millions de tonnes de CO2 chaque année.
Ses usines émettent également des milliers de tonnes d’oxydes d’azote et de soufre et sont une source d’autres polluants tels que l’ammoniac, le benzène et le cyanure d’hydrogène. Parmi les accidents survenus sur les sites de l’entreprise, on recense de graves explosions, des incendies et des fuites. Son site à Cologne (Allemagne) a par exemple connu une série d’incidents graves, dont des fuites d’ammoniac, des explosions et un incendie en 2018, avec des flammes de plusieurs dizaines de mètres de haut.
Aux avant-postes pour exploiter le gaz de schiste en Grande Bretagne
Surtout, l’entreprise de Ratcliffe a été au centre des tentatives pour développer l’exploitation de gaz de schiste par « fracking » (une technique de fracturation de la roche) au Royaume-Uni. L’entreprise est le titulaire majoritaire des licences de fracturation britanniques [3]. Cette position dominante a été favorisée par les pantouflages de responsables politiques entre l’industrie et le gouvernement. Patrick Erwin, un ancien haut fonctionnaire du département du Logement et des communautés locales du gouvernement, a ainsi été détaché de son poste pour rejoindre Ineos en 2013. Il a alors aidé l’entreprise à décrocher un grand nombre de licences pour l’extraction de gaz de schiste.
Pourfendeur des réglementations environnementales européennes et défenseur du Brexit
Jim Ratcliffe a été un fervent défenseur du Brexit. « Nous sommes une île, nous sommes un peuple indépendant. Nous sommes une nation très créative, qui travaille dur. Nous pouvons prospérer en tant que nation indépendante, nous n’avons pas besoin de gens en Europe pour nous dire comment gérer notre pays », disait-il en mai 2019. Beaucoup soupçonnent que son enthousiasme pour le Brexit vise surtout à éviter les règlementations environnementales européennes. Des documents révélés en 2017 montrent qu’Ineos avait fait du lobbying, dans le cadre du groupement de l’industrie chimique britannique « Partenariat pour la croissance de la chimie », pour être exempté de la taxe climat et pour abolir le prix plancher du carbone. « Ineos incite le gouvernement britannique à utiliser le Brexit comme une chance pour exempter le secteur chimique de l’ensemble des coûts de la politique climatique », expliquait alors le Guardian.
Plus tard, en octobre 2018, Ineos a écrit au Secrétaire d’État britannique chargé de l’énergie et de la stratégie industrielle, menaçant de fermer son usine de Middlesbrough si le site n’échappait pas aux réglementations de l’UE en matière de pollution. Début 2019, c’est directement au président de la Commission européenne que Jim Ratcliffe a adressé une lettre ouverte. Il y attaquait « des taxes vertes » qu’il jugeait « au mieux stupides », et estimait que l’Union européenne avait « les lois sur l’énergie et le droit du travail les plus chers du monde ». Le richissime patron d’Ineos a donc peut-être des raisons autres que patriotiques de se réjouir de la mise en œuvre du Brexit ce 31 janvier.
Jim Ratcliffe Fortune : 10 milliards d’euros = plus de 280 000 années du salaire moyen annuel britannique = plus de 620 000 années du salaire minimum britannique Pays : Royaume Uni Secteur : pétrochimie, gaz de schiste Entreprise : Ineos Clubs de foot : OGC Nice, Lausanne-Sport |
En France :

Bernard Arnault est le PDG du groupe LVMH, numéro un mondial du luxe. Il est issu d’une famille de militaires protestants du Nord de la France. Dans les années 20, son père intègre une entreprise de BTP à Roubaix du nom de Ferret-Savinel. Il se fait apprécier et épouse la fille du fondateur. Bernard Arnault naît en 1949. Après des études brillantes, le jeune polytechnicien rejoint son père, devenu patron de Ferret-Savinel, et engage une profonde restructuration de l’entreprise. La famille Arnault fait alors le choix de cesser ses activités de travaux publics pour se concentrer sur la promotion immobilière. Bernard Arnault prend la direction de l’entreprise en 1978. Au début des années 80, il exporte Férinel aux Etats-Unis et investit ses économies pour racheter la Financière Agache, propriétaire de Christian Dior et du Bon Marché. En 1989, il sauve le groupe LVMH, sous le coup d’une OPA et en devient l’actionnaire majoritaire. Il se diversifie également dans la presse en rachetant le quotidien économique La Tribune, qu’il cédera quinze ans plus tard pour s’offrir Les Échos et le Parisien. Au début des années 2000, il tente d’investir dans le numérique avant de se retirer lors de l’éclatement de la « bulle Internet ». Depuis, Bernard Arnault est entré au capital de Carrefour et a tenté de racheter Hermès, dont il conserve moins de 2%. Grâce à son empire du luxe, Bernard Arnault est devenu en 2019 le premier français à rentrer dans le top 3 des plus grosses fortunes mondiales.
Infos sources: Bastamag
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C’est bien instructif, ça vaut bien 5 étoiles
merci patron:)