Depuis une quinzaine d’années, les populations d’abeilles s’effondrent. Taux de mortalité élevé, ruches désertées, les butineuses sont victimes d’un mal foudroyant : les insecticides. Pourtant, sans elles, ce n’est pas seulement de miel dont il nous faudrait nous passer. En réalité, c’est un tiers de l’alimentation mondiale qui dépend de ces petites pollinisatrices. Explications.
Le déclin fulgurant des abeilles
En 1994, en France, le taux moyen de mortalité des abeilles était de 5%. Aujourd’hui, il est trois fois plus élevé. Chaque année, des milliers d’ouvrières adultes disparaissent, laissant derrière elles des ruches quasi-désertes, où ne résident plus que les reines et les toutes jeunes butineuses. Résultat : en 20 ans, la production nationale de miel a été divisée par trois, alors que le nombre de ruches n’a quasiment pas bougé.
Le phénomène est loin de se limiter aux frontières de l’Hexagone et aux seules abeilles domestiques. Aux Etats-Unis, le taux de mortalité des butineuses dépasse régulièrement les 30% par an. Et en Europe, près d’un dixième des espèces d’abeilles sauvages sont aujourd’hui menacées d’extinction.
Cette hécatombe, les chercheurs la nomment « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » ou CCD (Colony Collapse Disorder). Et ce sont les produits phytosanitaires qui en sont les principaux responsables. En particulier, ceux de la famille des néonicotinoïdes, les insecticides les plus couramment utilisés. Ces substances, qui ont fait leur apparition au début des années 1990, agissent sur le système nerveux des abeilles. Elles les désorientent, les empêchent de retrouver le chemin de leur ruche et les rendent bien plus vulnérables aux parasites et aux maladies. Autres facteurs qui favorisent le déclin des butineuses : la prolifération de nouveaux prédateurs tels que le frelon asiatique, ou encore l’urbanisation croissante qui détruit l’habitat des insectes.
Sans abeilles, plus de pommes, de carottes, de café…
Si la disparition de colonies entières d’abeilles inquiètent autant, c’est que les insectes pollinisateurs jouent un rôle majeur en agriculture. En effet, un tiers de l’alimentation mondiale dépend de la pollinisation, ce mode de reproduction des plantes à fleurs qui fonctionne grâce au transport du pollen par les butineurs depuis les étamines jusqu’au pistil. Sans cette pollinisation, la liste des denrées alimentaires auxquelles nous n’aurions plus accès serait longue : plus de pommes, de poires, de carottes, d’oignons, de brocolis, de melons, d’arachide, de café, etc. D’ailleurs, dans certaines régions du monde, le déclin des abeilles est déjà tellement prononcé que les agriculteurs sont forcés de remplir le rôle des insectes disparus et de procéder à une pollinisation manuelle des plantes… fleur par fleur.
Que fait la France pour protéger ses abeilles ?
Pour enrayer le syndrome d’effondrement des colonies, l’Assemblée nationale a voté, le 19 mars dernier, l’interdiction totale des néonicotinoïdes, à compter de janvier 2016. En 2013, la Commission européenne avait déjà restreint l’utilisation de ces insecticides, mais cette mesure, effective sur deux ans uniquement, ne concernait que trois substances. La décision de l’Assemblée nationale est donc une première en Europe. Cependant pour pouvoir entrer en vigueur, l’interdiction totale des néonicotinoïdes doit encore être validée par le Sénat. Affaire à suivre.
Les écosystèmes s’effondrent, il y a urgence :
- Plus de trois quarts des insectes volants ont disparu en à peine 30 ans !
- Chaque année en France, ce sont près de 300 000 ruches qui disparaissent.
Les insectes représentent pourtant une biomasse exceptionnelle grâce à leur diversité et sont un maillon essentiel de la chaîne du vivant. Sur les 2,4 millions d’espèces recensées, les insectes comptent pour près de 40% du total, soit plus d’un million d’espèces.
Plantons des graines nectarifères et mellifères sur des espaces sains, afin de nourrir nos petits protégés.
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