Quand le climat fait sa première victime en Bourse. Pacific Gas & Electric Company, l’EDF de la Californie, vient de se déclarer en faillite.
La plus importante depuis Lehman Brothers. Sa chute en dit long sur la façon dont les changements climatiques peuvent affecter les entreprises. Le monde financier ne peut désormais plus y rester insensible.
La cause exacte de la plupart des incendies de Californie reste indéterminée. Mais on sait que les conditions climatiques et hydrologiques de l’Etat sont propices à de tels embrasements. Car, à l’ouest des Etats-Unis, le réchauffement global ces dernières années a réduit l’accumulation du manteau neigeux durant les hivers froids et humides, et a avancé le début du printemps. Les étés sont secs et plus longs. Les sols et la végétation sont asséchés, et les bourrasques automnales qui poussent de l’air chaud vers la Californie alimentent amplement les feux de forêt. Selon l’étude « sigma » de Swiss Re, référence sur les catastrophes naturelles, les gros incendies faisaient rage pendant six jours en moyenne entre 1973 et 1982 avant d’être maîtrisés. Depuis, cette durée est passée à plus de 50 jours…
On savait le réchauffement climatique responsable de la multiplication des ouragans dévastateurs dans le golfe du Mexique. Il est aussi à l’origine de l’augmentation de la fréquence et de la gravité des incendies en Californie – leur coût avait déjà dépassé 14 milliards de dollars en 2017. Et il vient donc de faire sa première victime boursière avec la faillite de PG & E. L’opérateur a peut-être déclenché l’étincelle – les enquêtes devront le démontrer. Mais il est loin d’être le seul à blâmer pour cette catastrophe. Que dire des comtés qui n’ont pas entretenu les forêts ? Des autres entreprises qui continuent d’émettre massivement des gaz à effet de serre ? Et des pays qui ne respectent pas les engagements de l’Accord de Paris ?
Un signal d’alarme
Cette affaire va bien au-delà de la Californie. Elle devrait en effet agir comme un signal d’alarme pour les marchés, et pousser toutes les parties prenantes à mieux tenir compte des risques liés aux dérèglements climatiques. Ils paraissaient obscurs et lointains jusqu’à maintenant. La faillite de PG & E montre qu’ils peuvent affecter directement et brusquement la vie des entreprises. Y compris en provoquant leur mort.